“Un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle” dit le dicton africain. Nous sommes destitués d’une partie de notre histoire et un pan de notre vie s’enterre avec lui. Combien de grands hommes nous ont quittés! Ils nous laissent démunis et nous nous accrochons tant bien que mal à ce qu’ils ont laissé derrière eux. Des formules, des livres, des réalisations, des actions, des inventions, des dons, des actes. Mais eux, nos chers disparus, qu’emportent-ils avec eux, sinon la richesse de leurs âmes?
Aussi puissant soit-il tout homme ne possède en fait que son âme. Alexandre le Grand l’avait compris, quand il exigea qu’à sa mort on le transporta à travers les rues de la ville avec un écriteau déposé sur ses mains où il y aurait d’inscrit: ” Moi, Alexandre le Grand qui ait conquis le monde, je quitte ce monde les mains vides.”
Seule nous appartient notre richesse intérieure. Le reste? Une bagatelle, car tout passe et tous trépassent! On pense vivre mille ans avec mille projets grandioses. On amasse et on entasse les biens sans veiller à faire le bien, la seule valeur sûre. Quant à nos possessions, elles vont, elles viennent… nous ont-elles vraiment appartenues? Qui peut se glorifier de détenir des chimères?
Encore et toujours on oublie ces vérités et on remet au lendemain les “affaires intérieures”, celles pour lesquelles nous sommes là, sur terre. On n’inscrit même pas “l’éventualité” d’une mort prochaine et certaine sur notre agenda, trop occupés que nous sommes avec nos affaires pressantes!
Les sages et les prophètes ont de tout temps interpellé notre conscience afin que l’on sache que la seule œuvre dont nous puissions être fiers est bien celle qui concerne notre accomplissement moral et spirituel, mais nous nous accrochons au monde extérieur en négligeant l’essentiel. L’unique empreinte que devrait laisser un homme derrière lui c’est son bon souvenir, certes, mais pour lui la véritable épreuve reste à venir. Lorsque l’on s’en va, ce qui importe, c’est le chemin spirituel accompli. Le seul vrai. Une fois notre souffle libéré, il attend pour rendre compte de nos actions mais pas de notre compte en banque. Le Grand homme, dit Lao Tseu, est celui qui s’en tient au fond et non à la surface. Il s’en tient au noyau et non à la fleur… La fleur, elle, finit toujours par se faner.
Homme, qu’as-tu fait de ta vie?
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